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Bachelière en administration des affaires du Laboratory Institute of Merchandising à New York, Sophie Roy a un parcours professionnel en infographie, en photographie et en multimédia. Artiste autodidacte depuis quelques années, Sophie Roy progresse dans sa carrière artistique en faisant des expérimentations avec des techniques exploratoires. Désirant explorer beaucoup de choses, elle se lance sans but précis, mais constate rapidement qu’en s’imposant des balises, elle réussit à mieux orienter son travail et à aller davantage en profondeur dans ses explorations. Elle a débuté avec des techniques qu’elle connaissait bien comme la photographie, le photomontage numérique et la peinture acrylique. C’est dans l’optique de faire une exposition que ses choix se précisent et qu’elle décide de créer des séries d’œuvres inspirées par des thématiques précises.
Elle expose principalement dans les centres culturels et observe une certaine fascination dans la rencontre entre le public et ses œuvres. Lorsqu’une personne est touchée ou interpellée par une œuvre, Sophie aime connaître ses premières impressions et ce qu’évoque l’œuvre dans son esprit. Cela lui permet même de réaliser que ses créations n’illustrent pas seulement quelque chose de fixe, et que leur signification se définit dans le regard des spectateurs.
La pratique artistique de Sophie Roy s’articule autour de l’exploration d’idées, de concepts et de thématiques universelles en utilisant des techniques mixtes comme le photomontage et le mélange entre la peinture et le transfert d’image.
Le photomontage l’ouvre sur une vision particulière du monde. Elle réalise que, par exemple, contrairement à un cliché photographique qui capture et fige un instant précis dans le temps, le photomontage lui permet d’inclure l’image d’un même sujet à différentes époques et d’exprimer une vision de la vie dynamique, faite de changements, de mouvements et de transformations.
Son processus de création pour la série « Perte de monde » consiste à combiner et unir différentes images incluant des paysages, des lieux urbains, des personnes et des animaux à l’aide de sa technique de photomontage, en manipulant numériquement des éléments photographiques de natures et de périodes historiques différentes.
Cherchant à faire réfléchir le spectateur sur des situations et des enjeux actuels, ses œuvres s’adressent d’abord à l’inconscient plutôt qu’au rationnel. Elles évoquent symboliquement et poétiquement la thématique et nous permettent d’en faire notre propre interprétation.
Comme elle passe beaucoup de temps devant un écran, elle ponctue ses périodes de création de pauses sportives en pratiquant la course à pied ou la marche. Cela lui permet de réactiver son flux d’énergie créative et lui donne l’impression de sentir l’horizon de son esprit s’élargir.
Démarche
Avec la tête souvent trop pleine d’idées, Sophie puise son inspiration dans ses thèmes de prédilections ; la nature et le monde qui l’entoure, l’actualité et les penseurs contemporains. Elle se connecte particulièrement avec l’art numérique, les techniques de traitement d’images argentique et numérique, ainsi que l’art conceptuel.
À priori, cette œuvre représentait pour Sophie l’impuissance qu’une personne peut ressentir face aux choses qui se passent dans le monde, comme la destruction de l’environnement et les guerres. Elle fait aussi allusion au fait que, la plupart du temps, nous assistons comme spectateurs à ces événements terribles à travers les médias, avec une certaine distance, paisiblement installés dans nos salons. Lors d’une présentation dans une classe, un des élèves a partagé son interprétation de cette œuvre : il a souligné la présence des diverses couches temporelles avec sa photo d’arrière-plan en noir et blanc, avec une facture plus ancienne, tandis que celle qui lui est superposée est en couleurs puis provient évidemment d’une époque plus récente.
À son avis, l’œuvre évoque une forme de sagesse, signifiant que l’on doit revisiter les erreurs du passé, dans le but de ne pas les répéter dans l’avenir. Cela invite à y voir une forme d’évolution de la société, signification dépassant les intentions de départ de l’artiste, et permet d’y trouver un sens caché.
L’exposition Perte de monde propose une série de tableaux qui explore notre rapport au monde. Évoquant les gens qui passent de plus en plus de temps devant leurs écrans, entretenant des liens virtuels au détriment des relations humaines en personne, l’artiste s’interroge sur l’avenir des relations des humains entre eux, et avec l’environnement. Aussi, elle fait allusion au rôle des médias. Quand certaines plateformes de communications véhiculent des images de catastrophes et exposent de mauvaises nouvelles alarmantes, d’autres misent sur l’opposé, offrant le refuge idéal avec des images proposant bonheur, confort et nouveauté, comme le fait Instagram en particulier.
L’exposition s’est tenue du 14 novembre 2021 au 23 janvier 2022 au Musée Beaulne de Coaticook. Découvre d’autres expositions de notre programmation variée!